Archives du jour : 02/02/2012


Le placement sous surveillance électronique mobile : un nouveau modèle pénal ?

Résumé : Le Placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) a été créé par la loi du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales. Il présente d’emblée une double nouveauté : technique parce qu’il repose sur une technologie de géolocalisation (GPS) et juridique parce qu’il s’inscrit dans le renouveau des mesures de sûreté. Il s’agit donc de savoir jusqu’à quel point il représente une rupture de notre modèle pénal. Plus précisément, le PSEM semble s’adresser à un personnage très différent du sujet pénal classique, ni sujet responsable de ses choix, ni objet responsable de son anormalité, ce nouveau personnage est un sujet qui doit prendre en charge sa dangerosité objective. Ensuite, cette surveillance électronique produit un nouvel espace-temps pénal, celui d’une traçabilité permanente pour un temps indéterminé. Enfin, le PSEM révèle avec force les lignes de tension d’un travail social pénitentiaire dans sa reconversion en probation sécuritaire. […]


La dépersonnalisation, éthique et politique

Résumé : Les combats politiques continuent massivement d’être captés par la figure de l’Etat et surtout pour en revendiquer l’amélioration. En 1978, Foucault annonçait pourtant des formes de résistance différentes, comme dissolutions créatrices et microscopiques de l’état des choses. Un des points essentiels de ce déplacement des résistances implique un lien intime entre éthique et politique dans la mesure où la gouvernementalité moderne passe par des aller-retour incessants qui lient l’individu à la masse et produisent la masse à partir des individus. Le nœud de ce processus de normalisation est la personnalité comme structure réglée de l’existence individuelle. Tout déplacement politique suppose donc un mouvement de déprise de soi comme structure de personnalité, une dépersonnalisation. Et cela est tout aussi vrai pour les personnalisations militantes vécues comme subversives. Ne plus croire en la nécessité de ce que nous sommes censés être mais dans notre pouvoir de nous changer nous-mêmes. Une version […]


La grande santé

Olivier Razac, La grande santé, bien être médical ou vitalité philosophique, Climats/Flammarion, 2006 La médecine protège un corps machine contre des accidents, des dangers et des risques. Envisagé ainsi, ce corps se voit plongé dans le temps oppressant de l’attente, de l’usure et de la prévision. Sa vie est minée par une mort omniprésente qui la grignote et une mort impensable qui la clôt. La grande santé, elle, s’exprime dans un rapport particulier à la dépense où le sacrifice joyeux vient remplacer la comptabilité inquiète ; une pensée du temps qui ne suit pas la pente de l’inévitable dégradation mais s’éternise dans l’instant présent ; une pensée de la mort qui n’est plus l’usure fatale du corps contre laquelle on lutte sans jamais gagner, mais la décision affirmative de la haute puissance. Dès l’antiquité, la philosophie stoïcienne montre que la santé ne dépend pas de nous et que seule une extrême tension […]