Histoire politique du barbelé


Olivier Razac, Histoire politique du barbelé, Flammarion, Champs essais, 2009

On l’appelle «corde du diable», «écharde du souvenir» ou «frontière brûlante» : comment le fil de fer barbelé, outil agricole ingénieux, est-il devenu cet outil politique, symbole universel de l’oppression ? En évoquant le rôle décisif du barbelé dans trois des plus grandes catastrophes de la modernité – la conquête de l’Ouest et le génocide des Indiens d’Amérique, la boucherie de 14-18 et les exterminations nazies –, mais aussi en dressant une cartographie de ses usages actuels (propriétés privées, prisons, frontières «chaudes» du globe), Olivier Razac analyse, dans la lignée de Foucault, la violence croissante à l’œuvre dans la gestion politique des espaces et des populations. Il révèle ainsi un principe paradoxal : le succès persistant du barbelé vient précisément de ce qu’il ne tient qu’à un fil – de son austérité et de sa simplicité. La plus grande violence n’est pas forcément impressionnante, bien au contraire : les meilleurs outils d’exercice du pouvoir sont ceux qui dépensent le moins d’énergie possible pour produire le plus d’effets de domination. Le barbelé, lui-même «mur virtualisé», a ainsi ouvert la voie à des dispositifs de contrôle de plus en plus immatériels, dont la vidéosurveillance et le bracelet électronique sont les derniers avatars…

Lien vers les éditions Flammarion


A propos de Razac

Après des études de philosophie à l'Université Paris 8 dans les années 90 et une période de production d'essais de philosophie politique sur des objets contemporains (le barbelé et la délimitation de l'espace, le zoo et le spectacle de la réalité, la médecine et la "grande santé"). J'ai travaillé pendant huit ans comme enseignant-chercheur au sein de l'Administration Pénitentiaire. C'est dans cette institution disciplinaire que j'ai compris ce que pouvait signifier pour moi la pratique de la philosophie, c'est-à-dire une critique des rationalités de gouvernement à partir des pratiques et dans une perspective résolument anti-autoritaire. Depuis 2014, j'ai intégré l'université de Grenoble comme maître de conférences en philosophie. Je travaille sur la question de l'autorité politique, sur les notions de société du spectacle et de société du contrôle. J'essaie également de porter, avec les étudiants, des projets de philosophie appliquée déconstruisant les pratiques de pouvoir. Enfin, nous tentons de faire vivre un réseau de "philosophie plébéienne", anti-patricienne donc, mais aussi en recherche de relations avec tous nos camarades artisans de la critique sociale.

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