Les demi-croyants ont en commun de croire un peu ou de ne pas croire un peu et s’opposent par définition à deux autres possibilités : croire absolument (il faut les chercher) ou ne pas croire absolument (ils ne sont pas plus nombreux). Certainement, dans un premier mouvement un peu naïf, on peut se sentir plus proche de ceux qui croient absolument que des philistins, ne serait-ce que par respect pour leur entièreté éthique. Ceux qui parlent d’absolu auraient plus de facilité à s’entendre qu’avec ceux qui ne peuvent même plus en concevoir l’idée. En fait, cette « intimité » ne fonctionne que d’une manière esthétique. La radicalité se ressemble, les discours sonnent pareillement et les affects qui en découlent séparent du sens commun. En deçà d’un «style » éthique comparable, d’une manière tout à fait superficielle, ou si l’on ne considère pas l’éthique simplement comme une question de style d’existence, tout sépare ceux qui croient en l’absolu et ceux qui ne croient pas d’une manière absolue. Pour l’athée radical, la conception de l’absolu de ceux qui croient en Dieu est impure, beaucoup trop relative encore, peu importe la ferveur de leur foi. Et c’est bien pire, finalement, de croire absolument en une idée relative que de croire à moitié à des choses relatives. Un Dieu créateur est relatif à sa créature, un Dieu qui parle est relatif à celui qui entend et un Dieu qui commande est relatif à ses sujets. Inversement, qu’est-ce que ce Dieu hyperactif, bavard et autoritaire, placé au sommet des cieux, si ce n’est une projection de la « créature » ? Tout ces arguments sont de l’ordre de l’évidence logique et pourtant il faut toujours les réactiver parce que l’absolu relatif se reforme sans cesse comme une seconde peau sur une plaie ouverte.
(à suivre)