Du bon côté du barbelé


Emission Comme un bruit qui court, diffusée sur France Inter le 12 décembre 2015

Partie sur le barbelé près d’un centre de rétention à partir de 19’26, après une partie sur le Camp Climat.

On l’appelle « corde du diable », « écharde du souvenir », ou «frontière brûlante » : comment le fil de fer barbelé, outil agricole ingénieux, est-il devenu un outil politique, symbole universel de l’oppression?

La crise internationale des migrants a fait réapparaitre le barbelé dans notre paysage médiatique, et des images de personnes massées derrière les barbelés emplissent nos écrans de télévision et les unes des journaux. Des frontières entre la Hongrie et la Serbie, entre la Turquie et la Grèce, entre le Maroc et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, en tout, près de 235 km de clôtures barbelées entourent la Forteresse Europe.

Mais alors que l’image du barbelé évoquait jusqu’à présent le paysage délabré du No man’s land de la première guerre mondiale ou les camps nazis, et symbolisait à lui seul l’idée de la violence politique, comme en témoigne le logo d’Amnesty International, cette symbolique ne serait-elle pas en train de s’inverser au profit de celle de la protection et de la sécurité ? Quels sont les enjeux d’un tel renversement pour nos démocraties, et pour nous qui sommes « du bon côté du barbelé » ?

Un reportage de Charlotte Perry avec Olivier Razac, philosophe et auteur d’Une Histoire Politique du Barbelé, devant le centre de rétention administratif de Lyon.

Lien vers la page de l’émission : https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court

A lire :

Le rapport d’Amnesty International Peur et barbelés:

https://www.amnesty.be/IMG/pdf/rapport_peur_et_barbele_s_fr.pdf

Olivier Razac « Une histoire politique du barbelé » aux éditions Flammarion

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A propos de Razac

Après des études de philosophie à l'Université Paris 8 dans les années 90 et une période de production d'essais de philosophie politique sur des objets contemporains (le barbelé et la délimitation de l'espace, le zoo et le spectacle de la réalité, la médecine et la "grande santé"). J'ai travaillé pendant huit ans comme enseignant-chercheur au sein de l'Administration Pénitentiaire. C'est dans cette institution disciplinaire que j'ai compris ce que pouvait signifier pour moi la pratique de la philosophie, c'est-à-dire une critique des rationalités de gouvernement à partir des pratiques et dans une perspective résolument anti-autoritaire. Depuis 2014, j'ai intégré l'université de Grenoble comme maître de conférences en philosophie. Je travaille sur la question de l'autorité politique, sur les notions de société du spectacle et de société du contrôle. J'essaie également de porter, avec les étudiants, des projets de philosophie appliquée déconstruisant les pratiques de pouvoir. Enfin, nous tentons de faire vivre un réseau de "philosophie plébéienne", anti-patricienne donc, mais aussi en recherche de relations avec tous nos camarades artisans de la critique sociale.

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