prison


Eprouver le sens de la peine (livre)

Jérôme Ferrand, Fabien Gouriou et Olivier Razac, Eprouver le sens de la peine : expériences de vies condamées, Editions du commun, 2022 Résumé : Du travail d’intérêt général au bracelet électronique, en passant par la semi-liberté ou le sursis avec mise à l’épreuve, les peines de probation se sont multipliées ces dernières années. On les présente comme des « alternatives » à la prison, puisqu’elles se déroulent en milieu dit « ouvert ». Elles permettraient non seulement de lutter contre la surpopulation carcérale, mais elles seraient également plus humaines, plus justes et plus efficientes. Cette vision de la probation, a priori positive au regard de l’enfermement, ne doit pourtant pas occulter une question essentielle : quelle est l’expérience vécue des probationnaires ? Voilà ce à quoi cet ouvrage tente de répondre en donnant toute sa place à la parole des premiers concernés, les personnes condamnées. À travers leur discours, on comprend progressivement que la […]


Contre l’abolitionnisme ?

Le titre choisi, «contre l’abolitionnisme», de la prison ou de la peine, même assorti d’un point d’interrogation, peut certes paraître un peu brutal. Quoique pas pour tout le monde, pour beaucoup il s’agirait plutôt d’une évidence. Mais ici, au sein de réflexions sur les rapports entre peine et utopie, il sonne comme une provocation. En fait, il faut l’entendre d’une manière plus malicieuse. Ce propos n’a pas vocation à rejeter purement et simplement une position politique mais à la problématiser pour pouvoir se la réapproprier… Article issu d’une intervention au colloque Peine et utopie organisé par Jérôme Ferrand, Marc Ortolani et Ugo Bellagamba (laboratoires Ermes, Université Côte d’Azur et Cerdap2, Université Grenoble Alpes) à Nice les 7 et 8 décembre 2017 (http://epi-revel.univ-cotedazur.fr/publication/peine-et-utopie) Télécharger l’article complet


Cours publics sur Michel Foucault 2. La critique du droit de punir autour de Surveiller et punir

Le travail de Foucault a connu un étrange destin. Lui qui critiquait la notion « d’oeuvre », il est devenu un des auteurs le plus cité au monde. Succès paradoxal qui produit surtout une grande confusion, dans la mesure où l’on peut faire de Foucault un chantre du néolibéralisme,  du dandysme ou de l’anarchisme.

Pour y voir plus clair nous essaierons de suivre la piste d’un Foucault critique des logiques selon lesquelles nous sommes gouvernés. Plutôt que de se demander si nous sommes « pour » ou « contre » Foucault, nous nous demanderons ce que l’on peut utiliser dans son travail et pour quels résultats. Pour cela nous utiliserons ses concepts sur des objets d’actualité : la fermeture des frontières, la prison, la surveillance électronique, la gestion des risques, le néohygiénisme, les Big Data..

Cycle de cours organisé par l’Université Grenoble Alpes, la Société Alpine de Philosophie, et la Librairie Arthaud

http://societealpinedephilosophie.over-blog.com/

Je remercie vivement Anne Eyssidieux pour l’organisation des cours et Jacques Tolédano pour les prises de vue.


L’insertion des personnes condamnées : police ou politique ?

Ce texte est issu d’une intervention aux Journées internationales de la recherche en milieu pénitentiaire, Insertion et désistance des personnes placées sous main de justice, à L’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire, Agen, 2010 Télécharger le PDF   Introduction : Police et politique Le problème de l’insertion est habituellement présenté comme celui de la recherche d’un bon rapport entre l’économique et le social, c’est-à-dire entre la logique de l’échange marchand des biens et des services et la logique du lien social, de ce qui permet d’assurer la cohésion de la société. Et, d’une manière générale, on nomme « politique » le problème de ce rapport. La politique interviendrait pour régler le rapport entre l’économique et le social par une série d’instruments (législatifs, réglementaires, incitatifs etc.). Or, pour le philosophe Jacques Rancière, si l’on en reste là on rate, ou on oublie, la dimension proprement politique de phénomènes comme l’exclusion ou l’inégalité. Il ne […]


L’application des peines entre ennemi, citoyen, menace et usager

Article initialement paru  dans la revue Jurisprudence. Revue critique, numéro spécial, 2015, Université Savoie Mont Blanc Télécharger le PDF Face à la question redoutable du sens de la peine aujourd’hui, le premier réflexe serait l’abstention ou l’esquive tant les difficultés qu’elle pose semblent insurmontables. Il est pourtant intéressant de s’attarder un peu sur la nature de ce réflexe, les idées et sentiments qu’il suscite, parce que cela est plein d’enseignement. En effet, nous ne sommes pas embarrassés parce que nous ne trouvons pas de réponse, parce que la peine nous apparaîtrait dépourvue de sens tout court mais, au contraire, parce que plusieurs réponses, plus ou moins bien formulées, nous viennent pêle-mêle, que nous n’arrivons pas à ranger, à hiérarchiser. Autrement dit, le problème immédiat que nous pose le sens de la peine n’est pas celui d’une absence de signification mais, au contraire, d’une profusion contradictoire. Le problème que pose la […]


Le nouvel espace carcéral : lèpre, peste, variole

Résumé : Le placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) est une des obligations possibles des nouvelles mesures de sûreté. Il permet un contrôle des déplacements en milieu ouvert grâce à l’association des technologies GPS et GSM. Il a pu être ainsi présenté comme en rupture avec la conception classique de l’espace pénal et, en particulier, carcéral. Avec le PSEM, tout se passe comme si l’on n’avait plus besoin d’enfermer les individus les plus dangereux pour protéger la société et prévenir la récidive. Et pourtant, cet enfermement virtualisé (qui n’est pas une virtualisation de l’enfermement) repose sur les caractéristiques de l’espace carcéral du 19e siècle. Espace que Foucault décrit comme la superposition paradoxale des modèles de la lèpre et de la peste. A ces deux modèles, la géolocalisation pénale ajoute la traçabilité qui correspond au troisième modèle foucaldien d’exercice du pouvoir, moins connu, de la variole. Voilà ce que nous devons […]


L’utilisation des armes de neutralisation momentanée en prison

Résumé : Les services de sécurité utilisent de plus en plus un matériel intermédiaire entre les armes à feu et la négociation ou l’intervention physique simple. Le personnel pénitentiaire n’échappe pas à cette évolution et a été doté depuis une quinzaine d’années de combinaisons d’intervention et de matraques, de gaz incapacitants et de munitions dites non-létales. La suite logique serait la dotation en matériel de dernière génération, en particulier des pistolets à impulsions électriques. Cette hypothèse est au coeur de ce travail d’enquête auprès des formateurs de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire. Cette évolution pose des questions proprement pénitentiaires, en termes opérationnels et éthiques, mais elle éclaire également le phénomène général d’un pouvoir répressif utilisant de plus en plus des méthodes de neutralisation. Loin du débat insuffisant sur la réalité de la « non-létalité » de ces armes, cette enquête vise à problématiser le pouvoir de neutralisation en tant que tel, c’est-à-dire cette […]


Sur le film Hunger, ou la question des prisonniers politiques en démocratie

Résumé : Le film Hunger de Steve McQueen attire l’attention du spectateur par son esthétique fascinante. Il s’agit pourtant également d’un grand film de philosophie politique. En traitant de la résistance des prisonniers de l’IRA en 1981 et de la grève de la faim fatale de Bobby Sands, il livre une réflexion précieuse sur la question des prisonniers politiques en démocratie. Plus profondément, il met en scène les ambiguïtés des jeux entre le pouvoir et la résistance dans les démocraties consensuelles et biopolitiques. Accéder au texte sur le site de la revue Appareil