critique


Une société de contrôle ?

Annonce de la parution de mon livre : Olivier Razac, Une société de contrôle ? Enfermements, surveillance électronique, gestion des risques, gouvernementalité algorithmique, Editions Kimé, 2023, 392 p. Nous serions ainsi passés dans une société de contrôle. Un nouveau monde dominé par des technologies nouvelles permettant d’inventer des manières de gouverner et d’être gouverné inédites. Ces changements radicaux impliqueraient un renouvellement total de nos catégories de pensée qui resteraient construites sur des concepts dépassés. La question politique ne serait plus celle de la loi, ni celle de la norme, mais celle de la régulation en temps réel des comportements dans une grande boucle cybernétique de rétroaction. Dit comme cela, la notion de contrôle provenant des philosophies de Deleuze et de Foucault a l’apparence d’un « mythe » politique qu’il serait urgent de déconstruire. Nous proposons ici autre chose. Ne pas céder à la séduction du « plus jamais comme avant », pas non plus […]


Des philosophes sur le terrain

Sophie Djigo, Isabelle Delpla, Olivier Razac, Christiane Vollaire, Des philosophes sur le terrain, Créaphis, 2022 Le travail de terrain, au coeur de la pratique des sciences sociales, trouve aujourd’hui des échos en philosophie. Depuis une vingtaine d’années, certains auteurs de cette discipline invstissent la démarche de l’enquête de terrain par une série de dépacements critiques et de partis pris singuliers liés à des possibilités d’action collective. Ce livre présente quatre de ces expériences situées, menées récemment dans différents théâtres européens : la résonance politique des migrations dans le Calaisis (Sophie Djigo), les interventions internationales dans l’après-guerre en Bosnie-Herzégovine (Isabelle Delpla), les injonctions paradoxales du champ pénitentiaire en France (Olivier Razac), les engagements solidaires face à la violence économique et politique en Grèce (Christiane Vollaire). En associant l’immersion, l’observation et l’entretien à la réflexion esthétique, l’argumentation et l’analyse des concepts, ces quatre philosophes proposent une investigation des réalités sociales et politiques […]


Eprouver le sens de la peine (livre)

Jérôme Ferrand, Fabien Gouriou et Olivier Razac, Eprouver le sens de la peine : expériences de vies condamées, Editions du commun, 2022 Résumé : Du travail d’intérêt général au bracelet électronique, en passant par la semi-liberté ou le sursis avec mise à l’épreuve, les peines de probation se sont multipliées ces dernières années. On les présente comme des « alternatives » à la prison, puisqu’elles se déroulent en milieu dit « ouvert ». Elles permettraient non seulement de lutter contre la surpopulation carcérale, mais elles seraient également plus humaines, plus justes et plus efficientes. Cette vision de la probation, a priori positive au regard de l’enfermement, ne doit pourtant pas occulter une question essentielle : quelle est l’expérience vécue des probationnaires ? Voilà ce à quoi cet ouvrage tente de répondre en donnant toute sa place à la parole des premiers concernés, les personnes condamnées. À travers leur discours, on comprend progressivement que la […]


Une philosophie plébéienne Partie 1 : Une philosophie critique

Résumé : La pratique de la philosophie en Segpa et la rencontre avec les enseignants et les élèves a soulevé un problème précis qui concerne la place du philosophe, la forme de la relation avec le non‑philosophe et la finalité de l’échange. La relation philosophique est un dialogue dans lequel chaque argument est confronté à la possibilité d’un contre-argument et ainsi de suite. Mais la forme apparemment horizontale du dialogue ne suffit pas à régler tous les problèmes que posent cette relation. Problèmes qui correspondent à la fixation des trois positions dans le dialogue. Que le savoir soit ramené à lui-même le pose comme Vérité qui s’impose d’une manière unilatérale. Que la critique soit ramenée à elle-même la dévalorise comme déconstruction stérile. Que l’ignorant soit ramené à lui-même dit assez qu’il n’en sortira jamais. Il faut donc approfondir notre conception du dialogue philosophique en opposant deux dialogues de Platon que […]


Une philosophie plébéienne : Introduction

Introduction : pour une philosophie plébéienne On peut parfois se sentir étranger à sa propre pratique. On peut bien savoir que l’on fait de la philosophie, que l’on a été formé pour cela, que l’on s’inscrit dans une histoire relativement délimitée. Surtout, on peut être capable de dire le sens que cette pratique particulière a pour soi et pour les autres ou, du moins, être capable de faire l’effort, toujours à refaire, de cette formulation. D’autant plus que cet effort pour dire le sens de la philosophie fait partie de la pratique philosophique. Mais il y a des situations où il apparaît brutalement que ce que l’on fait ne correspond pas à la philosophie telle qu’elle se manifeste. Ce sentiment de décalage s’est cristallisé autour du problème de l’autorité. En effet, l’existence sociale de la philosophie semble tiraillée entre deux figures ; celle du professeur de philosophie qui manifeste une autorité académique, […]


PCP… comme Postmodernité Critique de la Postmodernité

Ces articles sont issus d’une rencontre avec Alain Damasio organisée par Guillaume Gourgues et Ouassim Hamzaoui le 29 juin 2012 à l’université de Grenoble. Les organisateurs avaient décidé de nous faire réagir sur un abécédaire maison, adapté à nos questions. La journée s’est révélée passionnante (au moins pour nous) et nous pensions en publier le résultat. Cela n’a pas pu se faire, je livre donc ici le résumé de mes interventions sur des sujets aussi divers que la virtualisation, la surveillance, la neutralisation ou la résistance. Dans les textes qui suivent, j’ai conservé autant que possible l’oralité de ces rencontres. En 1979, dans La condition postmoderne, Lyotard pose un constat assez connu maintenant bien qu’âprement discuté. Il affirme que notre époque articule des formes de savoir et d’action qu’on ne peut pas ramener à un principe fondateur qui pourrait en rendre raison à lui seul. Dit autrement, la configuration du […]


N… comme neutralisation

Je vais partir d’une petite anecdote. J’étais au Milipol. Le Milipol, pour « MILItaire » et « POLice », c’est un salon mondial de la sécurité intérieure qui a régulièrement lieu à Paris. Et je me balade au milieu des stands, il y a plein de trucs à voir, c’est passionnant. Pour des raison personnelles (« j’enquêtais » sur la question), je m’attarde sur le stand de la maison Taser qui faisait la promotion de son pistolet à impulsion électrique. Et là, j’ai eu la chance de voir quelque chose d’étonnant et de significatif


Cours Publics Sur Michel Foucault 3. Les Gouvernementalités. Souveraineté, Discipline, Contrôle

Le travail de Foucault a connu un étrange destin. Lui qui critiquait la notion « d’oeuvre », il est devenu un des auteurs le plus cité au monde. Succès paradoxal qui produit surtout une grande confusion, dans la mesure où l’on peut faire de Foucault un chantre du néolibéralisme, du dandysme ou de l’anarchisme.

Pour y voir plus clair nous essaierons de suivre la piste d’un Foucault critique des logiques selon lesquelles nous sommes gouvernés. Plutôt que de se demander si nous sommes « pour » ou « contre » Foucault, nous nous demanderons ce que l’on peut utiliser dans son travail et pour quels résultats. Pour cela nous utiliserons ses concepts sur des objets d’actualité : la fermeture des frontières, la prison, la surveillance électronique, la gestion des risques, le néohygiénisme, les Big Data…

http://societealpinedephilosophie.over-blog.com/

Je remercie vivement Anne Eyssidieux pour l’organisation des cours et Jacques Tolédano pour les prises de vue.


Cours publics sur Michel Foucault 2. La critique du droit de punir autour de Surveiller et punir

Le travail de Foucault a connu un étrange destin. Lui qui critiquait la notion « d’oeuvre », il est devenu un des auteurs le plus cité au monde. Succès paradoxal qui produit surtout une grande confusion, dans la mesure où l’on peut faire de Foucault un chantre du néolibéralisme,  du dandysme ou de l’anarchisme.

Pour y voir plus clair nous essaierons de suivre la piste d’un Foucault critique des logiques selon lesquelles nous sommes gouvernés. Plutôt que de se demander si nous sommes « pour » ou « contre » Foucault, nous nous demanderons ce que l’on peut utiliser dans son travail et pour quels résultats. Pour cela nous utiliserons ses concepts sur des objets d’actualité : la fermeture des frontières, la prison, la surveillance électronique, la gestion des risques, le néohygiénisme, les Big Data..

Cycle de cours organisé par l’Université Grenoble Alpes, la Société Alpine de Philosophie, et la Librairie Arthaud

http://societealpinedephilosophie.over-blog.com/

Je remercie vivement Anne Eyssidieux pour l’organisation des cours et Jacques Tolédano pour les prises de vue.


Cours public sur Michel Foucault 1. Approche générale : savoir, pouvoir, subjectivation

Le travail de Foucault a connu un étrange destin. Lui qui critiquait la notion « d’oeuvre », il est devenu un des auteurs le plus cité au monde. Succès paradoxal qui produit surtout une grande confusion, dans la mesure où l’on peut faire de Foucault un chantre du néolibéralisme,  du dandysme ou de l’anarchisme.

Pour y voir plus clair nous essaierons de suivre la piste d’un Foucault critique des logiques selon lesquelles nous sommes gouvernés. Plutôt que de se demander si nous sommes « pour » ou « contre » Foucault, nous nous demanderons ce que l’on peut utiliser dans son travail et pour quels résultats. Pour cela nous utiliserons ses concepts sur des objets d’actualité : la fermeture des frontières, la prison, la surveillance électronique, la gestion des risques, le néohygiénisme, les Big Data..

Cycle de cours organisé par l’Université Grenoble Alpes, la Société Alpine de Philosophie, et la Librairie Arthaud

http://societealpinedephilosophie.over-blog.com/

Je remercie vivement Anne Eyssidieux pour l’organisation des cours et Jacques Tolédano pour les prises de vue.


Éclectisme

(Cet article fait partie du premier numéro de la revue Casus Belli : Où va la France ? qui prend la forme d’un abécédaire) La question de savoir comment une autorité arrive à s’imposer, c’est-à-dire à produire des effets d’obéissance, appelle de multiples réponses : par la force, par la position sociale, par le mensonge ou l’illusion, par la raison etc. Souvent, bien sûr, nous sommes gouvernés par un mélange de toutes ces modalités d’exercice du pouvoir. Chacune possède ses propres exigences, de puissance, de hiérarchie, de ruse, d’argumentation, qui peuvent entrer en synergie ou au contraire se contrecarrer. Ceci est très classique. Pour autant, l’actualité de notre régime de gouvernement, en particulier en France, engage à faire le focus sur deux caractéristiques relativement étonnantes de l’autorité politique. D’un côté, il ne faudrait pas négliger le reste de gouvernement par la raison dans les discours institutionnels et politiciens. En fait, […]