technologie


Intervention sur l’Histoire politique du barbelé

Intervention debout, en plein air et en bermuda aux journées Concertina, rencontres estivales autour des enfermements, à Dieulefit en juillet 2021. Ce festival sur un sujet grave et sérieux, mais organisé d’une manière libre et conviviale, est devenu depuis 2021 un rendez-vous important de partage d’expériences et de pensées critiques sur les différentes formes d’enfermement. Lien vers le site des journées : https://concertina-rencontres.fr/edition-2021/


Une société de contrôle ?

Annonce de la parution de mon livre : Olivier Razac, Une société de contrôle ? Enfermements, surveillance électronique, gestion des risques, gouvernementalité algorithmique, Editions Kimé, 2023, 392 p. Nous serions ainsi passés dans une société de contrôle. Un nouveau monde dominé par des technologies nouvelles permettant d’inventer des manières de gouverner et d’être gouverné inédites. Ces changements radicaux impliqueraient un renouvellement total de nos catégories de pensée qui resteraient construites sur des concepts dépassés. La question politique ne serait plus celle de la loi, ni celle de la norme, mais celle de la régulation en temps réel des comportements dans une grande boucle cybernétique de rétroaction. Dit comme cela, la notion de contrôle provenant des philosophies de Deleuze et de Foucault a l’apparence d’un « mythe » politique qu’il serait urgent de déconstruire. Nous proposons ici autre chose. Ne pas céder à la séduction du « plus jamais comme avant », pas non plus […]


Une philosophie plébéienne Partie 2 : Une philosophie appliquée

Résumé : La rencontre qui détermine le niveau d’application de cette philosophie plébéienne est celle du travail de Foucault, mais pas simplement à travers la découverte de ses textes. L’apport de Foucault est à comprendre à travers une certaine utilisation critique de ses concepts à des objets concrets et contemporains. Le premier aspect concerne la manière d’appréhender la question politique ou de considérer l’exercice du pouvoir. Foucault construit un niveau d’analyse qui se place « entre » deux pôles classiques – entre l’idéalité et la matérialité, entre le droit et le fait, entre la vérité et la force. Il ne se pose pas la question de savoir d’où vient le pouvoir, mais pas non plus seulement celle de ses effets, il interroge son fonctionnement. Le pouvoir et la politique comme technologie. Cela conduit au deuxième aspect, le dispositif comme concept clé, ou plutôt modèle d’analyse, des pratiques de gouvernement. TELECHARGER LE PDF


N… comme neutralisation

Je vais partir d’une petite anecdote. J’étais au Milipol. Le Milipol, pour « MILItaire » et « POLice », c’est un salon mondial de la sécurité intérieure qui a régulièrement lieu à Paris. Et je me balade au milieu des stands, il y a plein de trucs à voir, c’est passionnant. Pour des raison personnelles (« j’enquêtais » sur la question), je m’attarde sur le stand de la maison Taser qui faisait la promotion de son pistolet à impulsion électrique. Et là, j’ai eu la chance de voir quelque chose d’étonnant et de significatif


H… comme Hacker

La figure du hacker (du pirate informatique, disons) est intéressante du fait de son ambiguïté. D’un côté, on trouve une figure doublement romantique qui exalte le potentiel révolutionnaire des hautes technologies et du virtuel, ce qui est assez discutable, et qui peut se présenter comme « héros » de la résistance postmoderne. Or, ces deux aspects sont autant erronés que sans intérêt, voire dangereux politiquement. Mais, d’un autre côté, on peut voir le hacker comme une figure, peut-être pas classique, mais connue, de la résistance. À partir du moment où on est confronté à un pouvoir machinique d’exploitation de la vie, la résistance, c’est le sabotage de la machine.


G… comme GPS (traçabilité)

Ces articles sont issus d’une rencontre avec Alain Damasio organisée par Guillaume Gourgues et Ouassim Hamzaoui le 29 juin 2012 à l’université de Grenoble. Les organisateurs avaient décidé de nous faire réagir sur un abécédaire maison, adapté à nos questions. La journée s’est révélée passionnante (au moins pour nous) et nous pensions en publier le résultat. Cela n’a pas pu se faire, je livre donc ici le résumé de mes interventions sur des sujets aussi divers que la virtualisation, la surveillance, la neutralisation ou la résistance. Dans les textes qui suivent, j’ai conservé autant que possible l’oralité de ces rencontres. La traçabilité, dans le sens de repérer et suivre des déplacements est une modalité assez ancienne de l’exercice du pouvoir. On pourrait la faire remonter très loin mais, au 19e siècle, elle va par exemple être réalisée grâce aux carnets ouvriers, pour essayer de contrôler, non pas simplement où sont […]


F… comme Facebook

Ces articles sont issus d’une rencontre avec Alain Damasio organisée par Guillaume Gourgues et Ouassim Hamzaoui le 29 juin 2012 à l’université de Grenoble. Les organisateurs avaient décidé de nous faire réagir sur un abécédaire maison, adapté à nos questions. La journée s’est révélée passionnante (au moins pour nous) et nous pensions en publier le résultat. Cela n’a pas pu se faire, je livre donc ici le résumé de mes interventions sur des sujets aussi divers que la virtualisation, la surveillance, la neutralisation ou la résistance. Dans les textes qui suivent, j’ai conservé autant que possible l’oralité de ces rencontres. Facebook, ce serait le système mondial automatisé d’une forme renouvelée de confession, telle que Foucault l’a pensée. C’est l’autoproduction de son individualité normalisée dans la relation avec un autre, ou des autres. Cet autre vis-à-vis duquel je me définis, ce n’est pas le prêtre, le médecin, le flic, le psychanalyste, […]


D… comme (r)DV, rapport dématérialisation/virtualisation

Ces articles sont issus d’une rencontre avec Alain Damasio organisée par Guillaume Gourgues et Ouassim Hamzaoui le 29 juin 2012 à l’université de Grenoble. Les organisateurs avaient décidé de nous faire réagir sur un abécédaire maison, adapté à nos questions. La journée s’est révélée passionnante (au moins pour nous) et nous pensions en publier le résultat. Cela n’a pas pu se faire, je livre donc ici le résumé de mes interventions sur des sujets aussi divers que la virtualisation, la surveillance, la neutralisation ou la résistance. Dans les textes qui suivent, j’ai conservé autant que possible l’oralité de ces rencontres. Il y a un fantasme du virtuel, dont l’anticipation met en lumière qu’il n’est pas qu’un fantasme puisque des moyens techniques et des modes d’existence actualisent dans une certaine mesure ce fantasme. Il y a ce désir fou d’affranchissement des limites de la matière, d’allègement, d’anesthésie, de vitesse, d’ubiquité, de […]


C… comme Captcha

Ces articles sont issus d’une rencontre avec Alain Damasio organisée par Guillaume Gourgues et Ouassim Hamzaoui le 29 juin 2012 à l’université de Grenoble. Les organisateurs avaient décidé de nous faire réagir sur un abécédaire maison, adapté à nos questions. La journée s’est révélée passionnante (au moins pour nous) et nous pensions en publier le résultat. Cela n’a pas pu se faire, je livre donc ici le résumé de mes interventions sur des sujets aussi divers que la virtualisation, la surveillance, la neutralisation ou la résistance. Dans les textes qui suivent, j’ai conservé autant que possible l’oralité de ces rencontres. Captcha, c’est de l’argot américain qui veut dire capture mais c’est aussi un acronyme, une marque déposée, qui désigne un test de Turing permettant de distinguer un être humain d’un robot. On en rencontre quotidiennement sur Internet, par exemple sous cette forme : Sur ce sujet, je trouve très intéressante la […]


B…. comme BINC (Bio-info-nano-cogno)

Ces articles sont issus d’une rencontre avec Alain Damasio organisée par Guillaume Gourgues et Ouassim Hamzaoui le 29 juin 2012 à l’université de Grenoble. Les organisateurs avaient décidé de nous faire réagir sur un abécédaire maison, adapté à nos questions. La journée s’est révélée passionnante (au moins pour nous) et nous pensions en publier le résultat. Cela n’a pas pu se faire, je livre donc ici le résumé de mes interventions sur des sujets aussi divers que la virtualisation, la surveillance, la neutralisation ou la résistance. Dans les textes qui suivent, j’ai conservé autant que possible l’oralité de ces rencontres. BINC, donc aussi la « convergence » annoncée des nanotechnologies, des biotechnologies, des technologies de l’Information et des sciences cognitives ? Dit aussi « transhumanisme », amélioration voire dépassement de l’humain grâce à la technologie, thème très à la mode, bien que depuis peu et qu’Alain Damasio a travaillé avec une grande acuité critique dans […]


Le contrôle virtuel du territoire

Conférence donnée dans le cadre du Festival Signal #5 organisé par le CIFAS (Le Centre international de Formation en Arts du Spectacle de Bruxelles). Elle porte sur la colonisation virtuelle de l’espace physique à travers la maîtrise de « calques » virtuelles déclinant la carte planétaire GPS. L’analyse propose de croiser deux objets, a priori sans rapports, le bracelet électronique GPS d’un côté, et le jeu Pokémon Go, de l’autre.

Page du CIFAS: http://www.cifas.be/fr/

Page de Signal #5 : http://www.cifas.be/fr/workshops/signal-5

Page de la vidéo sur Viméo : https://vimeo.com/185783022


Taser et biopolitique

Premières lignes : Sur le plateau d’une émission de télévision, un animateur, bien connu pour ses tests loufoques d’objets originaux ou high-tech, se livre à la démonstration d’un tir de pistolet à impulsions électriques de marque Taser sur un comparse. Il s’agit d’un programme du dimanche, en public, et le tir s’effectue d’une manière décontractée pour ne pas dire avec une certaine désinvolture. Une explication technique particulièrement sommaire précise qu’il n’y a pas de pyrotechnie et qu’il s’agit juste de deux dards projetés sur la cible. Ces dards étant très petits, ils ne pénètrent pas profondément la peau. Pourtant, « ça va faire un peu mal. Ça fait obligatoirement un peu mal » (…) Article initialement paru dans la revue Chimères, n°74, 2010/3 Télécharger le PDF


La gestion de la perméabilité

Résumé : Les réflexions sur l’évolution de l’exercice spatial du pouvoir risquent toujours d’être rabattues sur une opposition binaire entre deux options, à la fois réelles et exclusives : la fortification des délimitations et la gestion des circulations. Pour dépasser cette antinomie, cet article propose une modélisation plus complexe des phénomènes de virtualisation des délimitations centrée sur la figure du checkpoint. L’enjeu de cette modélisation est aussi directement politique dans la mesure où cette « gestion de la perméabilité » implique des formes de résistance spécifiques, qui ne correspondent pas au geste classique de la transgression de la limite. Accéder au texte sur la revue L’espace politique Ce texte est complété par Utopies banales


Histoire politique du barbelé

Olivier Razac, Histoire politique du barbelé, Flammarion, Champs essais, 2009 On l’appelle «corde du diable», «écharde du souvenir» ou «frontière brûlante» : comment le fil de fer barbelé, outil agricole ingénieux, est-il devenu cet outil politique, symbole universel de l’oppression ? En évoquant le rôle décisif du barbelé dans trois des plus grandes catastrophes de la modernité – la conquête de l’Ouest et le génocide des Indiens d’Amérique, la boucherie de 14-18 et les exterminations nazies –, mais aussi en dressant une cartographie de ses usages actuels (propriétés privées, prisons, frontières «chaudes» du globe), Olivier Razac analyse, dans la lignée de Foucault, la violence croissante à l’œuvre dans la gestion politique des espaces et des populations. Il révèle ainsi un principe paradoxal : le succès persistant du barbelé vient précisément de ce qu’il ne tient qu’à un fil – de son austérité et de sa simplicité. La plus grande violence n’est pas forcément impressionnante, […]


La surveillance électronique : un renouveau de l’utopie panoptique

Résumé : Le Placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) a été institué en France par la loi du 12 décembre 2005. Il a été présenté comme une rupture avec le modèle carcéral dans la mesure où il repose sur une géolocalisation des individus. Il permettrait ainsi d’effectuer les fonctions classiques de la peine : protéger la société, corriger les individus, favoriser leur réinsertion, sans les enfermer. Or, non seulement la surveillance électronique s’ajoute partout à l’architecture pénitentiaire. Mais, surtout,cette surveillance s’inscrit dans la continuité de l’utopie architecturale du Panopticon de Bentham, dans la mesure où il avait déjà pour finalité de «rendre inutile l’usage des fers ». L’analyse de la surveillance électronique montre qu’elle effectue d’une manière inédite les fonctions du Panopticon : assurer « l’omniprésence apparente de l’inspecteur » en permettant artificiellement sa « présence réelle ». Elle montre également qu’à côté des murs qui continuent de se construire […]


Le nouvel espace carcéral : lèpre, peste, variole

Résumé : Le placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) est une des obligations possibles des nouvelles mesures de sûreté. Il permet un contrôle des déplacements en milieu ouvert grâce à l’association des technologies GPS et GSM. Il a pu être ainsi présenté comme en rupture avec la conception classique de l’espace pénal et, en particulier, carcéral. Avec le PSEM, tout se passe comme si l’on n’avait plus besoin d’enfermer les individus les plus dangereux pour protéger la société et prévenir la récidive. Et pourtant, cet enfermement virtualisé (qui n’est pas une virtualisation de l’enfermement) repose sur les caractéristiques de l’espace carcéral du 19e siècle. Espace que Foucault décrit comme la superposition paradoxale des modèles de la lèpre et de la peste. A ces deux modèles, la géolocalisation pénale ajoute la traçabilité qui correspond au troisième modèle foucaldien d’exercice du pouvoir, moins connu, de la variole. Voilà ce que nous devons […]


L’utilisation des armes de neutralisation momentanée en prison

Résumé : Les services de sécurité utilisent de plus en plus un matériel intermédiaire entre les armes à feu et la négociation ou l’intervention physique simple. Le personnel pénitentiaire n’échappe pas à cette évolution et a été doté depuis une quinzaine d’années de combinaisons d’intervention et de matraques, de gaz incapacitants et de munitions dites non-létales. La suite logique serait la dotation en matériel de dernière génération, en particulier des pistolets à impulsions électriques. Cette hypothèse est au coeur de ce travail d’enquête auprès des formateurs de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire. Cette évolution pose des questions proprement pénitentiaires, en termes opérationnels et éthiques, mais elle éclaire également le phénomène général d’un pouvoir répressif utilisant de plus en plus des méthodes de neutralisation. Loin du débat insuffisant sur la réalité de la « non-létalité » de ces armes, cette enquête vise à problématiser le pouvoir de neutralisation en tant que tel, c’est-à-dire cette […]


Mesures de sûreté et travail social pénitentiaire. Le cas du placement sous surveillance électronique mobile

Résumé : Le travail des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation connaît actuellement des transformations importantes illustrées, en particulier, par une réorganisation des services autour des nouvelles technologies, d’une approche criminologique et d’un management par objectifs. C’est dans ce contexte que le placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) s’est mis en place depuis 2006. Doublement innovant, par ses caractéristiques techniques et le cadre des mesures de sûreté dans lequel il s’inscrit, le PSEM révèle avec force les ambiguïtés de la recomposition du champ de la probation en France. Accéder au texte sur le site de la revue Champ pénal/Penal Field


Le placement sous surveillance électronique mobile : un nouveau modèle pénal ?

Résumé : Le Placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) a été créé par la loi du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales. Il présente d’emblée une double nouveauté : technique parce qu’il repose sur une technologie de géolocalisation (GPS) et juridique parce qu’il s’inscrit dans le renouveau des mesures de sûreté. Il s’agit donc de savoir jusqu’à quel point il représente une rupture de notre modèle pénal. Plus précisément, le PSEM semble s’adresser à un personnage très différent du sujet pénal classique, ni sujet responsable de ses choix, ni objet responsable de son anormalité, ce nouveau personnage est un sujet qui doit prendre en charge sa dangerosité objective. Ensuite, cette surveillance électronique produit un nouvel espace-temps pénal, celui d’une traçabilité permanente pour un temps indéterminé. Enfin, le PSEM révèle avec force les lignes de tension d’un travail social pénitentiaire dans sa reconversion en probation sécuritaire. […]