La surveillance électronique : un renouveau de l’utopie panoptique


Résumé : Le Placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) a été institué en France par la loi du 12 décembre 2005. Il a été présenté comme une rupture avec le modèle carcéral dans la mesure où il repose sur une géolocalisation des individus. Il permettrait ainsi d’effectuer les fonctions classiques de la peine : protéger la société, corriger les individus, favoriser leur réinsertion, sans les enfermer. Or, non seulement la surveillance électronique s’ajoute partout à l’architecture pénitentiaire. Mais, surtout,cette surveillance s’inscrit dans la continuité de l’utopie architecturale du Panopticon de Bentham, dans la mesure où il avait déjà pour finalité de «rendre inutile l’usage des fers ». L’analyse de la surveillance électronique montre qu’elle effectue d’une manière inédite les fonctions du Panopticon : assurer « l’omniprésence apparente de l’inspecteur » en permettant artificiellement sa « présence réelle ». Elle montre également qu’à côté des murs qui continuent de se construire s’échafaude progressivement une architecture virtuelle de l’enfermement.

Cet article a été publié dans la revue Materiali Foucaltiani – VOL. I, N. 1 (http://www.materialifoucaultiani.org/fr/rivista/volume-i-numero-1.html)

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A propos de Razac

Après des études de philosophie à l'Université Paris 8 dans les années 90 et une période de production d'essais de philosophie politique sur des objets contemporains (le barbelé et la délimitation de l'espace, le zoo et le spectacle de la réalité, la médecine et la "grande santé"). J'ai travaillé pendant huit ans comme enseignant-chercheur au sein de l'Administration Pénitentiaire. C'est dans cette institution disciplinaire que j'ai compris ce que pouvait signifier pour moi la pratique de la philosophie, c'est-à-dire une critique des rationalités de gouvernement à partir des pratiques et dans une perspective résolument anti-autoritaire. Depuis 2014, j'ai intégré l'université de Grenoble comme maître de conférences en philosophie. Je travaille sur la question de l'autorité politique, sur les notions de société du spectacle et de société du contrôle. J'essaie également de porter, avec les étudiants, des projets de philosophie appliquée déconstruisant les pratiques de pouvoir. Enfin, nous tentons de faire vivre un réseau de "philosophie plébéienne", anti-patricienne donc, mais aussi en recherche de relations avec tous nos camarades artisans de la critique sociale.

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